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jean-louis borloo - Page 9

  • Le Centre doit vite se reconstruire

    Les chiffres parlent d’eux-mêmes. 2,77% des députés nouvellement élus sont encartés dans des partis qui se réclament du Centrisme (16 sur 577). Avec quelques autres députés modérés, ils doivent être entre cinquante et soixante situés au centre de l’échiquier politique, soit 10% de l’Assemblée nationale.

    Les candidats des partis centristes ont obtenu, au premier tour des législatives, moins de 4% des voix et le candidat centriste à l’élection présidentielle un tout petit peu plus que 9% des suffrages.

    Et si l’on voulait faire le vrai décompte des militants de toutes les formations centristes, le chiffre obtenu serait très bas.

    Voilà la situation du Centre en France au sortir des élections de 2012.

    Voilà sa situation au moment où Jean-Louis Borloo tente une OPA sur ce qui reste des centristes à l’Assemblée nationale où ne se trouve même plus François Bayrou, battu dans sa circonscription béarnaise.

    La reconstruction du Centre apparaît donc comme une évidence pour ceux qui croient comme moi de sa nécessité absolue dans le système démocratique de n’importe quel pays et notamment le notre.

    Le chantier est donc ouvert.

    L’idée serait de former une seule structure, que ce soit un parti ou une confédération de partis.

    Non pas pour créer une unité de façade mais parce que la Gauche de gouvernement est aujourd’hui unie, de même que la Droite de gouvernement et que cela leur donne un poids politique nettement plus conséquent.

    La confédération semble la meilleure solution dans un premier temps pour ne pas poser dès le départ la question du leadership qui est un motif de division puissant.

    Il sera toujours temps, à l’approche de 2017, de se choisir un candidat à l’élection présidentielle et de le faire par le biais d’une primaire, ce qui n’a pas trop mal réussi au Parti socialiste…

    Cette confédération doit être mise en place au cours d’assises de la refondation du Centre afin d’en préciser les modalités et le programme.

    Chaque parti de celle-ci demeurant indépendant, il faudra, au départ, une direction collégiale avec l’idée de passer, par la suite, à l’élection d’un président.

    Située au Centre et affirmant son indépendance, cette confédération devra travailler à se rendre crédible auprès des Français. Mais elle sera aussi obligée de nouer des alliances électorales.

    Celles-ci devront se faire dans la clarté en choisissant les alliés dont les idées sont les plus proches de celles du Centre (ou les moins éloignées…).

    La première étape doit être vite franchie. Il s’agit de l’organisation de rencontres entre tous les partis centristes ou proches du Centre pour discuter et décider de l’avenir du Centre en France.

    La défaite rend-elle ce scénario plus crédible? En tout cas, elle le rend plus indispensable.



    Alexandre Vatimbella



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  • La réunion des centristes après la déroute

     

     

     

    Or donc, les centristes ont décidé de créer un groupe à l’Assemblée nationale.

     

    Son nom: l’UDI (Union des démocrates et indépendants) dont son initiateur n’hésite pas à le qualifier de «forme moderne et écologique de l’UDF», oubliant qu’il ne s’agit pas (encore?) d’un parti mais d’un rassemblement de députés.

     

    Quoi qu’il en soit, il s’agit d’une bonne nouvelle pour tous ceux qui réclament une réunion et une refondation du Centre.

     

    Malgré tout, les ambiguïtés demeurent.

     

    D’abord, on marquera son étonnement et une certaine incompréhension qu’il ait fallu attendre une déculottée électorale qui était prévisible et prévue pour que, tout d’un coup, les miettes éparses du Centre se rassemblent.

     

    Il est trop tôt, par ailleurs, pour savoir si l’UDI sera un vrai groupe «politique» ou plutôt un agrégat de députés qui, ensemble, peuvent disposer en tant que groupe de toute une série d’avantages.

     

    Le fait que tout le monde semble y aller sans aucune négociation sur le projet politique et sur le positionnement exact du groupe ferait plutôt penser pour la seconde hypothèse.

     

    En revanche, le traumatisme qui a suivi l’écrasement du Centre lors de la présidentielle puis des législatives militeraient plutôt pour la première hypothèse.

     

    Encore que ce ne soit pas un centriste qui en soit le chef mais Jean-Louis Borloo, le président du Parti radical, qui a toujours expliqué qu’il n’était pas un centriste mais un républicain social et écologiste.

     

    De plus, l’occasion était trop belle pour lui de renaître de ses cendres après avoir été la risée des Français avec sa vraie-fausse candidature à l’élection présidentielle.

     

    Du coup, les fanfaronnades assez déplacées d’Hervé Morin (qui se retrouve avec sept députés contre vingt-quatre dans l’ancienne assemblée) sur sa capacité à former un groupe dont il serait le chef, ont encore une fois démontré son sens politique limité.

     

    Le président du Nouveau centre devrait rejoindre ce groupe ou, peut-être l’UMP, tant ses positions ont l’air de se droitiser ces derniers temps.

     

    Dans sa dernière interview donnée au Figaro il parle de «droite» pour se définir politiquement et non plus de «centre-droit».

     

    Un glissement sémantique pas si innocent que cela quand on se rappelle ses déclarations sur les convergences entre les préoccupations de l’ancienne majorité et celles du Front national.

     

    En outre, ses pires ennemis intimes, ses anciens lieutenants, trustent les postes à responsabilité dans ce nouveau groupe.

     

    François Sauvadet en sera le vice-président et Jean-Christophe Lagarde, le porte-parole.

     

    Bien sûr, le groupe ne comprendra pas François Bayrou qui a été battu et qui a décidé de prendre du recul, mais les deux députés du Mouvement démocrate devraient s’y trouver.

     

    Si l’on se demande quel avenir peut encore avoir le parti de Bayrou, il serait tout de même étonnant que la majorité de ses dirigeants soit prête à rejoindre un nouveau parti centriste dont parle Borloo dans les semaines qui viennent.

     

    Alors que l’ancien ministre de Jacques Chirac et de Nicolas Sarkozy explique que l’Union des démocrates et des indépendants est résolument dans l’opposition, bien des proches de François Bayrou ont fait des offres de service à François Hollande.

     

    Quant au Nouveau centre, la haine entre son président, Hervé Morin, et celui du Parti radical, Jean-Louis Borloo, n’augure pas d’une fusion entre les deux entités politiques.

     

    Si recomposition du Centre il y a (et elle semble inévitable), elle prendra plus de temps qu’un tour de passe-passe, fut-il positif.

     

    Mais celle-ci devra aussi se faire un état des lieux et une analyse honnêtes de ce qui a conduit les partis centristes dans le mur.

     

    Ce n’est que de cette façon que l’on pourra bâtir sur du solide.

     

     

     

    Alexandre Vatimbella

     

     

     

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  • Présidentielle: comprendre la défaite du Centre

     

     

     

    La défaite de François Bayrou au premier tour de la présidentielle est également une défaite du Centre.

     

    D’une part, parce qu’il était le seul candidat à se revendiquer centriste.

     

    D’autre part, parce que les autres candidats sensés également représenter le Centre avaient renoncé à aller jusqu’au bout de leurs démarches.

     

    Du coup, l’absence de Jean-Louis Borloo (déclarant forfait avant même le début de la campagne), d’Hervé Morin (incapable de dépasser les 1% d’intentions de vote et de réunir 500 signatures) et même de Corinne Lepage (obligée de jeter l’éponge car n’ayant pas le nombre de signatures requis) démontrent également le mauvais état du Centre lors de cette présidentielle que le score de François Bayrou ne fera que confirmer.

     

    Il y aurait donc pu y avoir quatre candidats centristes lors de cette élection.

     

    Si cela avait été le cas, cela n’aurait pas reflété la richesse du Centre (ce qui aurait pu être le cas si une primaire avait été organisée entre eux, comme cela avait été proposé) mais bien sa division actuelle, son morcellement et sa faiblesse électorale.

     

    Au bout du compte, il n’y en eu qu’une mais sans aucun ralliement autres qu’anecdotiques à François Bayrou des soutiens aux autres candidats.

     

    François Bayrou ne fut donc pas le candidat du rassemblement du Centre mais celui d’un des partis centristes (avec le soutien de la micro-formation de l’Alliance centriste) ne représentant qu’une mouvance du Centre.

     

    En conséquence, Il n’y eut donc pas de mobilisation centriste (au niveau des partis et des mouvances) pour porter la candidature unique de François Bayrou.

     

    Celui-ci, par ailleurs, partait avec un lourd handicap: une traversée du désert de cinq ans, des intentions de vote initiales assez basses (autour de 7%), une opposition d’une partie de la galaxie centriste et un discours assez ambigu qui ne permettait pas à tous les centristes de s’y reconnaître (notamment les références au général de Gaulle ou l’appel au nationalisme économique).

     

    Un handicap qui était à peine contrebalancé par son score en 2007 (18,55%) qui lui donnait un préjugé favorable dans les médias et une place de choix théorique sur la grille de départ de la compétition.

     

    Le déroulement de la campagne ne permit pas de sortir de ce malaise centriste de divisions, de manque de dynamisme et de mobilisation.

     

    En outre, très vite, la faiblesse majeure de François Bayrou prit une place importante dans les médias et aux yeux des électeurs: un doute important sur sa capacité à réunir une majorité pour gouverner s’il était élu.

     

    Avec qui François Bayrou pourrait-il bien gouverner si jamais il remportait la présidentielle? devint une question récurrente et lancinante. La réponse de François Bayrou affirmant que ce ne serait pas un problème car tout président élu se voit donner automatiquement une majorité par les électeurs n’a convaincu personne.

     

    Cette question ne trouva d’ailleurs aucune réponse politique crédible puisqu’aucun rassemblement digne de ce nom ne se fit derrière sa candidature et qu’il n’y avait guère de chances que des modérés de l’UMP et du PS s’unissent derrière celle-ci comme nombre d’entre eux le déclarèrent.

     

    Du coup, François Bayrou apparut comme un homme seul et impuissant, non comme un leader indépendant assez charismatique pour faire bouger les lignes.

     

    Encore moins comme un homme providentiel à la manière de de Gaulle en 1958, capable de restaurer la confiance sur sa seule aura et de remettre le pays sur les rails après une purge nécessaire.

     

    Aux yeux de la majorité des Français il n’était qu’un franc-tireur avec deux députés à l’Assemblée nationale, entouré de soutiens manquant d’expérience gouvernementale et à la tête d’un parti faible.

     

    Bien sûr, il a su garder une forte popularité qui s’est même améliorée à un moment donné de la campagne avant de fléchir.

     

    De même sa volonté de lutter contre les déficits publics et de se focaliser sur l’éducation recevait une bienveillance, voire une adhésion au-delà des intentions de vote qui se portaient sur sa personne.

     

    François Bayrou a bien tenté de faire coïncider cette popularité haute et la séduction de ses grandes idées auprès des Français avec des intentions de vote en sa faveur sans jamais y parvenir.

     

    Car, pour les Français, popularité et «électabilité» ne sont jamais allées de pair.

     

    Dans les sondages, François Bayrou n’est jamais apparu comme étant un futur président crédible, ne possédant pas, non plus, pour une majorité de la population, les qualités demandées pour ce poste.

     

    Ainsi, dans la dernière vague de l’étude Présidioscopie Ispos-Cevipof, 63% des Français estimaient que François Bayrou n’avait pas la stature présidentielle, 52% qu’il n’était pas compétent pour le poste, 62% qu’il manquait de dynamisme.

     

    Cependant, 50% avaient toujours une bonne opinion de lui, ce qui le plaçait juste derrière François Hollande (51%). De même, il était en tête pour l’honnêteté (avec 63% de réponses positives, loin devant François Hollandes, 56%), pour son côté sympathique et pour sa sincérité.

     

    Des qualités qui ne sont pas indispensables pour les électeurs pour diriger le pays.

     

    Ces hauts scores démontraient, paradoxalement, de la part des Français, une méconnaissance des détails du programme du candidat (comme le montraient des sondages où ceux-ci se demandaient où le président du Mouvement démocrate voulait les emmener) ainsi qu’une vision trop «gentille» de sa personne (c’est-à-dire l’absence de puissantes convictions partisanes qui caractérisent un fort leadership).

     

    Au fur et à mesure que la campagne progressait, la candidature de François Bayrou a patiné de plus en plus.

     

    Et ce qui devait arriver, arriva, les intentions de vote se mirent à baisser inexorablement.

     

    Que s’était-il donc passé?

     

    D’abord, François Bayrou n’est jamais parvenu à être crédible en habit présidentiel comme nous l’avons vu.

     

    Ensuite, il n’était plus «le» candidat «anti-système» comme en 2007 et le trublion du couple UMP-PS, laissant ces rôles à Jean-Luc Mélenchon et à Marine Le Pen.

     

    De même, les médias se lassèrent de son côté austère et prêcheur uniquement de mauvaises nouvelles et préférèrent la gouaille d’un Jean-Luc Mélenchon qui devint leur chouchou (sachant qu’il n’est pas possible que le représentant du Front national le soit) pour donner ce fameux coup de pied dans la fourmilière qui peut rendre l’élection présidentielle «vendable» en termes de tirages et de taux d’audience.

     

    Ses soutiens, au fur et à mesure  apparurent comme ce qu’ils étaient, des seconds couteaux, souvent ralliés parce que les grands partis ne leur avaient pas donné la place qu’ils estimaient mériter ou pour donner une certaine visibilité à leur carrière politique à un moment difficile de celle-ci.

     

    Enfin, il n’a pu trouver le bon positionnement, le bon discours et la bonne posture pour pouvoir, ne serait-ce qu’un moment, contester à Nicolas Sarkozy et à François Hollande, une des deux places de finalistes.

     

    Cela se caractérisa également par une incapacité à rebondir, sans doute parce que ses plus proches collaborateurs n’osent pas, depuis longtemps, le contredire ou lui dire ce qui ne va pas.

     

    Le résultat du 22 avril (cinquième position et 9,13% des votes) ne fut donc que la confirmation de cette situation qui se figea d’ailleurs quelques semaines avant le scrutin.

     

    Les centristes, collectivement responsables de ce fiasco (un des plus bas scores d'un candidat centriste lors d'une élection présidentielle) sont donc, de nouveau, au pied du mur. Il leur faut rebondir le plus vite possible.

     

    Alexandre Vatimbella

     

     

     

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  • Pour gagner, le Centre doit être indépendant et ouvert à des alliances

     

     

     

    Sociologiquement parlant, les démocraties occidentales sont désormais centristes dans l’âme. Un phénomène du, entre autres, à l’élévation du niveau de vie général et au développement d’une importante classe moyenne. Les solutions extrêmes sont souvent rejetées par l’énorme majorité de la population. Ainsi, une majorité des électeurs se situent dans le spectre large de la modération, de la droite modérée à la gauche modérée en passant par le Centre.

     

    Politiquement parlant, en revanche, on en est encore loin. Les joutes politiciennes sont toujours aussi exacerbées, les discours enflammés même si, ensuite, le gouvernement des pays se fait le plus souvent au centre de l’échiquier politique parce que c’est le seul lieu responsable pour agir.

     

    Dès lors, les partis du Centre qui ont vocation à occuper une position incontournable dans le gouvernement de ces pays avancés, doivent poursuivre deux buts. Loin d’être antimoniques, ils sont, au contraire, absolument complémentaires: affirmer la spécificité irréductible de la pensée centriste et nouer des alliances électorales et de gouvernement afin de participer au pouvoir lorsqu’ils ne sont pas majoritaires.

     

    C’est le cas particulier de la France.

     

    Si l’on voulait faire un clin d’œil à l’actualité du moment, les partis centristes français doivent agir, à la fois, comme François Bayrou et Hervé Morin, les deux anciens compères devenus ennemis irréductibles (ce qui ne veut pas dire grand-chose en politique où les séparations fracassantes ne sont que les préludes aux retrouvailles en grandes pompes)!

     

    Le splendide isolement centriste ou, à l’opposé, le ralliement systématique et sans conditions sont, tous deux, extrêmement dangereux pour les idées du Centre.

     

    Les cinq dernières années sont là pour le démontrer amplement. François Bayrou, dans son splendide isolement n’a pas fait progresser d’un iota la cause centriste. Et son probable échec lors du premier tour de la présidentielle sonnera sans doute le glas de ses ambitions et peut-être de sa carrière politique.

     

    Mais Hervé Morin et ses compères qui se sont ralliés sans condition après le premier tour de 2007 n’ont pas fait mieux pour le Centre. En témoigne la tentative désespérée et désespérante de ce dernier pour se présenter à la présidentielle. Mais la non-existence du Nouveau centre face à l’UMP pendant cinq ans ont abouti à ce que les Français, non seulement, ne comprenaient pas pourquoi son leader voulait se présenter contre Nicolas Sarkozy. Plus grave, ils ne le connaissaient même pas pour une grande partie d’entre eux et encore moins ses opinions politiques…

     

    Il faut dire que le Centre dispersé de 2007 - une partie, dont une majorité de militants, avec Bayrou et le futur Mouvement démocrate, une partie, dont la quasi-totalité des députés de feue l’UDF, ayant fait sécession pour s’allier avec l’UMP en créant le Nouveau centre, une partie, dont de nombreux centristes historiques, ayant intégré l’UMP depuis 2002 et une partie se trouvant au centre-gauche aux Radicaux de gauche ou même dans le PS (cette dernière préférant passer directement au ralliement avec Sarkozy sans passer par la case «Centre») - ne pouvait pas peser grand-chose pour imposer la prise en compte de ses vues et de ses valeurs. Les quelques miettes récoltées et fêtées comme des victoires éclatantes par les centristes de la majorité présidentielle ne peuvent cacher cette réalité.

     

    Ce qui est grave pour le Centre, c’est que cette configuration risque de perdurer. Déjà, pour la présidentielle, le Centre est désuni. Il y a peu de chances au jour d’aujourd’hui, pour qu’il soit réunifié pour les législatives (comment Bayrou, Morin et Borloo peuvent-ils s’entendre?).

     

    Ce n’est donc qu’après cet épisode électoral qui risque d’être une bérézina pour le Centre que les centristes se mettront peut-être autour d’une table pour discuter. Et l’on espère qu’ils le feront sérieusement et sans mettre en avant leurs égos surdimensionnés face à leurs réalités électorales.

     

    Demain, le Centrisme ne pourra devenir en France une pensée dominante que si les politiques qui prétendent s’en référer prennent ces fameuses responsabilités dont ils parlent à tout bout de champ… pour les autres!

     

    Cela passe par défendre leurs valeurs, non dans un splendide isolement, tout en trouvant des passerelles avec des partis proches de leurs idées afin de nouer des alliances, non des ralliements.

     

     

     

    Alexandre Vatimbella

     

     

     

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  • De la patience d’être centriste

    Ceux qui, honnêtement et sincèrement, se déclarent des centristes ont bien du courage et de la patience. Non seulement, ils sont attaqués et raillés pour leur positionnement soi-disant «mou» et «frileux» (sauf au moment des élections où leurs voix sont courtisées avec un empressement proche de l’indécence) mais ils doivent essayer de suivre les circonvolutions, les retournements de veste, les allées et venues des politiques qui se réclament du Centre.

    Pour ne pas donner le tournis et désespérer ceux qui croient encore au Centre, nous ne prendrons comme exemple de notre démonstration que les cinq dernières années.

    Or donc, tout commence pour nous en 2007, lorsque le Centre, c’est-à-dire l’UDF, présente un candidat unique à l’élection présidentielle, François Bayrou, dont la particularité alors est d’essayer de parler le moins possible de son positionnement centriste et de se dire plutôt «démocrate» ou «progressiste», allant même jusqu’à affirmer lors d’une conférence de presse que le mot «centriste» ne fait pas partie de son vocabulaire.

    A ses côtés, on trouve le président du groupe UDF à l’Assemblée nationale, Hervé Morin, qui, en tant que fidèle lieutenant (parmi d’autres lieutenants, toutefois) fait sienne toutes les déclarations et les postures de son chef. Ce qui ne l’empêchera pas, entre les deux tours de la présidentielle de le lâcher en rase campagne pour mettre sur pied une nouvelle formation politique, le Nouveau centre (après une longue cogitation pour le nom…), et s’allier sans problème avec Nicolas Sarkozy, fustigé pendant la campagne par François Bayrou qui hésitera même à se désister en faveur de Ségolène Royal.

    Un Nicolas Sarkozy qui a déjà avec lui de nombreux centristes, en particulier ceux qui ont rejoints l’UMP depuis 2002, comme Pierre Méhaignerie ou Philippe Douste-Blazy.

    A la sortie de la présidentielle et des législatives qui l’ont suivie, le paysage du Centre est ainsi totalement modifié. L’UDF n’existe plus et est remplacée par deux partis (en attendant un troisième…). Il y a d’abord le Mouvement démocrate créé par François Bayrou dont l’analogie avec le Parti démocrate américain ou certaines formations «démocrates» européennes de centre-gauche n’a rien de fortuit, voulant ainsi signifier un positionnement plutôt à gauche et écologiste.

    Il y a ensuite le Nouveau centre, qui n’a rien de particulièrement nouveau puisqu’il regroupe des députés UDF déjà bien connus mais qui ont fait allégeance à Nicolas Sarkozy et se situent clairement au centre-droit. Il n’existe alors plus de formation se réclamant d’un positionnement centre-centre.

    Une des particularités de cette scission c’est que le Mouvement démocrate a enregistré très rapidement un nombre conséquent d’adhésions et compte ainsi de nombreux militants mais n’a que peu d’élus, trois députés seulement, alors que le Nouveau centre compte 30 députés mais n’a pratiquement aucun militant…

    Alors que François Bayrou s’enferme dans son splendide isolement, se réservant déjà pour les prochaines présidentielles de 2012 (ce qui lui fera passer par pertes et profits les élections «intermédiaires» au grand dam des militants et des élus du MoDem) les renégats de l’UDF entrent dans les ministères avec, comme figure de proue, un Hervé Morin, ministre de la Défense.

    Restent alors en déshérence, de nombreux militants centristes qui ne se reconnaissent dans aucune des deux voies choisies par les anciens responsables de l’UDF.

    Trois ans après cette scission, ils vont avoir la possibilité d’adhérer à une nouvelle formation, celle de Jean Arthuis, l’Alliance centriste. Par une incapacité de se situer entre les pro-Bayrou et les pro-Morin, le sénateur de la Mayenne reste dans un entre-deux trouble. S’il confie qu’il veut faire un putsch au Mouvement démocrate pour virer Bayrou, il ne dit pas s’il ferait autrement que ce dernier. Toutefois, sa volonté est de réunir tous les centristes ensemble ce qui séduit des centro-centristes qui le rejoignent.

    Nous sommes donc en 2010 et les centristes de l’UMP commencent, de leur côté, à montrer des signes de mécontentement. Non seulement ils estiment qu’ils ne sont pas bien servis de leur fidélité à cette UMP sensée regrouper sur un pied d’égalité la Droite et le Centre, mais ils enragent de voir que le Nouveau centre, ce parti de «ralliés du second tour», est mieux considéré par Nicolas Sarkozy.

    Il ne s’agit, au départ, aucunement d’une revendication au niveau des idées mais des postes. Pour autant, l’échec de plus en plus flagrant de la politique du président de la république sur fond de crise économique et de montée inexorable du chômage, permet aux centristes de l’UMP de demander une nouvelle politique plus responsable sur les déficits publics et plus volontariste socialement.

    C’est aussi le cas du Nouveau centre qui, depuis 2007, peine à se distinguer de sa grande sœur l’UMP et qui sent bien que, les élections approchant, il faut pouvoir exister de manière autonome.

    Mais c’est aussi le moment où François Bayrou réalise que sa stratégie du splendide isolement risque de l’isoler totalement et définitivement des Français. Il décide donc de revenir dans l’arène politique en se déclarant le seul et unique centriste, le seul capable, en tout cas, de réunir tous les centristes.

    Entre ses quatre courants (Mouvement démocrate, Nouveau centre, Alliance centriste, centristes du gouvernement), les ponts sont jetés mais les oppositions demeurent fortes, surtout au niveau des personnes et de la stratégie à emprunter pour parvenir au pouvoir, plus que sur les idées où les réelles synergies existent.

    C’est à ce moment-là, qu’un des déçus du sarkozysme, celui qui avait opiné du chef à toutes les décisions de l’Elysée depuis 2007, se rebelle après avoir été roulé dans la farine. Jean-Louis Borloo, président du Parti radical par défaut (il lui fallait un parti pour avoir quelques troupes), enrage de n’avoir pas été nommé premier ministre alors que des promesses lui avaient été faites. Pour se venger, il entre en guerre larvée avec l’UMP et crée l’Alliance républicaine écologiste et sociale avec le Nouveau centre et la Gauche moderne, micro-parti dirigé par Jean-Marie Bockel.

    Le but de cette alliance est de regrouper tous les centristes sauf François Bayrou et de présenter un candidat à l’élection présidentielle. Mais, dès le départ, deux hommes qui ne se vouent aucune sympathie, s’affrontent avant même que les statuts de cette alliance ne soient déposés: Hervé Morin et Jean-Louis Borloo.

    Après une série de péripéties qui ne sont pas à l’honneur de ceux qui y ont pris part, Jean-Louis Borloo décide de ne pas se présenter à la présidentielle et laisse Hervé Morin aller au casse-pipe avec des intentions de vote ridicules.

    Pendant ce temps, Jean Arthuis, après avoir signé un accord avec Hervé Morin pour créer une Confédération des centres qui ne verra jamais le jour, se jette dans les bras de François Bayrou, ce qui lui permet d’éviter que l’on remarque le fiasco total de son entreprise Alliance centriste.

    Un François Bayrou qui avance ses pions mais qui ne décolle pas dans les sondages jusqu’en décembre dernier où, après l’annonce officielle de sa candidature, il fait un bond de quatre à sept points pour se camper en quatrième position avec 13% à 15% des intentions de vote pendant qu’Hervé Morin demeure scotché à 1%.

    Et, après ce court résumé forcément réducteur, nous voilà donc fin janvier 2012…

    Pendant cinq ans, le Centre s’est donc fait plus remarqué par toute une série de manœuvres politiciennes que par une activité politique digne de ce nom. Non pas que ses leaders n’aient pas de programmes ou de visions politiques mais leurs chamailleries les ont nettement plus occupés que leurs projets pour la France. En tout cas aux yeux des Français.

    Pourtant, une dynamique, certes encore mesurée, a permis à François Bayrou de présenter une alternative de plus en plus crédible face aux trois autres «grands» candidats (Hollande, Sarkozy, Le Pen). Cependant, avouons-le, c’est plus parce que ceux-ci apparaissent plus ou moins incapables de répondre à la crise économique que par le programme du président du Mouvement démocrate que ce dernier a fait un bond dans les sondages.

    Reste que, pour les centristes, ceux qui se désolent de voir le Centre dans un état de délabrement depuis cinq ans, le sentiment est mitigé. Oui, il y a un espoir que le Centrisme puisse jouer un rôle dans la présidentielle. Et ce rôle pourrait être prééminent. Non, rien n’a changé réellement entre les centristes et il n’y a pas encore d’unité ni même un programme du Centre digne de ce nom.

    Du côté du Mouvement démocrate, on penche un peu trop sur les thèses nationalistes. Du côté du Nouveau centre, on oublie un peu trop les préoccupations sociales. Du côté des centristes de l’UMP, on est avant tout préoccupé à ne pas prendre une veste lors des prochaines législatives…

    Pour autant, ces cinq années de déshérence centriste nous ont appris quelque chose de fondamental et qui demeure un réel espoir pour l’avenir. Malgré toutes les attaques, dont beaucoup venues de l’intérieur, le Centre a résisté.

    Donné pour moribond depuis les débuts de la V° République, son acte de décès étant souvent publié par ses opposants, il est toujours là et représente une force non-négligeable de la politique française. Une force qui sera absolument nécessaire à celui qui se fera élire à la présidence de la république, qu’il soit centriste ou d’une autre mouvance partisane.

    Mais, comme on le dit souvent ici, ce ne sera pas grâce aux leaders centristes. A eux de changer cette donne.

    Faudra-t-il encore cinq ans de patience?!

     

    Alexandre Vatimbella

     

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  • L’année du Centrisme en France. 2011: L’échec de la refondation du Centre

     

     


     

    Comme chaque année, nous faisons ici le bilan de l’année qui vient de s’écouler pour le Centre et le Centrisme en France.

     

    2011 aura été marquée, d’abord et avant tout, par l’échec de la réunion des centristes et de la refondation d’un parti centriste fort. Mais elle a aussi vu François Bayrou reprendre espoir de bien figurer à la prochaine élection présidentielle.

     

    En outre, elle a vu des tentatives, plus ou moins subtiles, de récupération du Centre par des politiciens venus de la Droite comme Jean-Louis Borloo et Dominique de Villepin. Plus fondamental, s’est posée la question de l’avenir du Centre en France comme force politique capable de gouverner ou de nouer des alliances équilibrées avec la Droite ou la Gauche.

     

    - Echec de la refondation du Centre

     

    S’il est difficile de savoir qui y a cru réellement, en tout cas, la refondation du Centre autour d’un parti unique ou d’une confédération de partis sur le modèle de l’UDF de 1978 a été un échec total.

     

    A la fin 2010, on comptait deux formations centristes principales, le Mouvement démocrate et le Nouveau centre, et deux micro-formations, l’Alliance centriste (qui, paradoxalement, a plus d’élus que le Mouvement démocrate!) et Cap 21. A la fin 2011, le paysage est exactement le même, figé par l’incapacité des centristes à se rassembler et même à se parler autrement que par des invectives ou des reproches. Dès lors, pas étonnant qu’ils aient du mal à parler aux Français.

     

    Tout a commencé au début de l’année quand Hervé Morin, le président du Nouveau centre, et Jean Arthuis, le président de l’Alliance centriste, décident, dans la foulée d’intentions explicitées dans les derniers mois de 2010, de créer une Confédération des Centres. Une initiative importante pour les deux hommes qui semble pouvoir faire bouger les lignes ou, au moins, faire réagir les autres composantes du Centre et ceux qui veulent s’y associer comme le Parti radical.

     

    Hervé Morin a besoin, absolument, de trouver un partenaire pour prendre la tête d’un rassemblement des centristes avant que ne le fasse Jean-Louis Borloo qui dit alors réfléchir pour en être, lui-même, le chef. Quant à Jean Arthuis, la création en 2009 de l’Alliance centriste pour en faire la pierre angulaire d’une refondation du Centre a été, jusque-là un échec dû en grande partie à son inaction velléitaire. Il doit démontrer qu’il agit à ceux qui l’ont rejoint mais aussi aux autres leaders centristes.

     

    Dans une déclaration commune à l’Assemblée nationale, ils se font forts de créer une formation où se retrouveront toutes les familles centristes.

     

    Bien sûr, dès le départ, les deux hommes ne sont pas d’accord sur qui doit ou non faire partie de cette confédération. Hervé Morin estime que François Bayrou n’y a pas sa place, et Jean Arthuis ne voit pas d’un bon œil la présence dans le tour de table de la Gauche moderne de Jean-Marie Bockel.

     

    Cependant, ils partagent l’espoir de créer une dynamique qui balaiera les préventions, les oppositions et les inimitiés.

     

    En réalité, ils vont en créer de nouvelles!

     

    Car, dès la déclaration commune publiée, le troisième larron cité plus haut entre immédiatement dans la ronde, sentant qu’il ne faut pas que le train de la refondation le laisse sur le quai.

     

    D’autant que Jean-Louis Borloo, le président du Parti radical, est un homme humilié par Nicolas Sarkozy, lui qui se voyait premier ministre avant d’être sèchement recalé. Il rêve évidemment de prendre sa revanche en détachant sa formation politique de l’UMP et en organisant sa candidature à la présidentielle de 2012.

     

    Il est populaire dans l’opinion publique et se prend à rêver de l’Elysée. Il lui faut seulement un lieu politique pour assoir sa crédibilité de candidat à la présidentielle et lui fournir quelques troupes. Son choix se porte sur le Centre.

     

    Car, si le Parti radical est au centre de l’échiquier politique, il n’est pourtant pas, historiquement, un parti du Centre même s’il a compté de véritables et grands centristes dans ses rangs au cours de sa longue existence, comme, par exemple, Aristide Briand, pour n’en citer qu’un.

     

    Le problème, c’est que Jean-Louis Borloo est fermement arrimé à la majorité présidentielle et qu’il ne compte pas en sortir (ou qu’il ne le peut, ses élus ne le souhaitant pas, majoritairement), ce qui est contraire à la vision d’un Centre indépendant.

     

    Cependant, il se révèle vite qu’Hervé Morin partage lui aussi ce positionnement politique et parle de rassembler, non plus le Centre, mais le centre-droit. Du coup, les deux hommes, qui se détestent, vont se rapprocher ainsi que leurs deux formations, éloignant la possibilité pour le Mouvement démocrate de s’associer à une telle confédération.

     

    De son côté, Jean Arthuis, qui ne veut pas perdre la main, publie maladroitement sur son blog un appel à rejoindre cette future confédération bien ancrée désormais au centre-droit alors que la majorité des militants de l’Alliance centriste n’en veulent pas. Il devra faire machine arrière et détruira ainsi la capacité de son parti à jouer un quelconque rôle de premier plan dans une refondation centriste.

     

    Hervé Morin se retrouve alors seul face à Jean-Louis Borloo et estimera, en plus, que Jean Arthuis l’a trahi. D’autant que le président du Nouveau centre doit également affronter une fronde interne, nourrie de ressentiments de longue date (comme avec Jean-Christophe Lagarde, le président exécutif), et nombre de ses élus, de François Sauvadet à Valérie Létard en passant par Maurice Leroy, prennent position pour un leadership de Jean-Louis Borloo.

     

    Ces dissensions entre le Nouveau centre et le Parti radical (et à l’intérieur du Nouveau centre) n’empêchent pas, au début de l’été, la création de l’Arés (Alliance républicaine écologique et sociale) qui regroupe, outre les deux formations citées plus haut, le micro-parti de Jean-Marie Bockel, la Gauche Moderne, et un club inconnu jusque là, dirigé par Hervé de Charrette, transfuge de l’UMP.

     

    Les responsables de cette Arés se réunissent et élaborent des positions communes et se distribuent des postes. Néanmoins, il n’y a pas grand monde pour croire à une véritable union.

     

    La suite va malheureusement démontrer que le rapprochement n’est qu’un trompe l’œil. Car, dès la rentrée de septembre, il se confirme qu’Hervé Morin et Jean-Louis Borloo ne se mettront pas d’accord. Le dernier nommé, qui espérait que tout le Centre se réunisse derrière son panache et le soutienne pour la présidentielle sent passer le vent du boulet.

     

    D’autant que beaucoup d’analystes politiques mais aussi d’amis du Président du Parti radical n’ont jamais cru dans sa candidature. Ils connaissent l’homme et savent qu’il n’est pas prêt à s’engager dans une campagne comme celle de la présidentielle. Certains soupçonnent même l’UMP d’avoir mis en place toute une campagne pour décrédibiliser et détruire Jean-Louis Borloo à l’instant même où il annoncera sa candidature.

     

    Un Jean-Louis Borloo qui décidera en catimini, sans même avertir ses plus proches amis politiques, de renoncer à se présenter et qui viendra l’annoncer sur le plateau du journal télévisé de TF1.

     

    Quant à l’Arés, celle-ci existe encore actuellement et ses dirigeants affirment qu’ils préparent les élections législatives. Va-t-elle résister à la campagne présidentielle, surtout si Hervé Morin se présente et que Jean-Louis Borloo, comme il a commencé à le faire, le critique à chaque fois qu’il ouvre la bouche? Il est trop tôt pour le dire.

     

    Mais on peut penser que les députés radicaux et du Nouveau centre ont intérêt à s’entendre pour négocier les investitures aux législatives, surtout si c’est un président de gauche qui est élu, afin de sauver ce qu’il y aura à sauver.

     

    De son côté, François Bayrou a été le grand absent de cette refondation du Centre, non pas en paroles (il a fait moult déclarations à ce sujet pour, soi-disant, la souhaiter de tout cœur) mais en acte. Car le président du Mouvement démocrate n’avait aucun intérêt à ce que celle-ci se fasse avec ou sans lui.

     

    Sa position tout au long de 2011, avant la fin de l’automne où il s’est déclaré candidat pour 2012 et où les sondages ont commencé à frémir, était d’une extrême faiblesse.

     

    Car si le Mouvement démocrate a certainement plus de militants que le Nouveau centre, il n’a aucune existence digne de ce nom en matière d’élus. Il ne peut donc peser sur aucun débat parlementaire et ne dirige aucune grande ville (si ce n’est comme allié de maires PS ou UMP), aucun département et aucune région.

     

    Du coup, son discours se perd souvent dans le vide malgré une bienveillance des médias. Une refondation du Centre, sur un pied d’égalité de tous les partis centristes, aurait alors  été mortelle, si ce n’est pour le Mouvement démocrate, tout au moins pour François Bayrou. Une situation qui pourrait diamétralement et rapidement changer s’il est haut dans les sondages et s’il fait un bon score à la présidentielle (et même plus s’il est au second tour). Il pourra alors se poser en rassembleur, ce qui n’est pas encore le cas en cette fin d’année 2011.

     

    Reste qu’il a quand même récupéré un Jean Arthuis en complète perdition, ayant plombé son parti et ayant perdu sa position au Sénat où, de président de la commission des Finances, il est redevenu simple sénateur de la Mayenne.

     

    Dans le camp centriste, c’est actuellement le seul ralliement significatif à François Bayrou, ce qui n’est pas grand-chose. Evidemment, les choses pourraient évoluer dans les premières semaines et les trois premiers mois de 2012.

     

    De leur côté, les «centristes de l’UMP» dont les principaux leaders ont été en 2011 Pierre Méhaignerie et Marc-Philippe Daubresse, ont regardé avec intérêt cette refondation mais sans aller plus loin que de le dire et d’affirmer qu’une grande formation du Centre pourrait voir le jour après les élections de 2012 quand une recomposition politique sera à l’ordre du jour. On a vu, par exemple, Pierre Méhaignerie participer avec plaisir (et/ou avec discipline…) à toutes les réunions du Centre au cours de l’année 2011 sans pour autant faire un pas en dehors de l’UMP.

     

    - Les trois mousquetaires du Centre en 2011

     

    Les trois personnalités qui ont occupé le centre de l’échiquier politique en 2011 ont été François Bayrou, Hervé Morin et Jean-Louis Borloo.

     

    Les Espoirs de François Bayrou pour la présidentielle de 2012

     

    François Bayrou n’a qu’une obsession (même s’il dit le contraire désormais), l’élection présidentielle. Il faut dire qu’elle reste aussi la seule élection où il peut cacher la faiblesse de son parti et de ses troupes. Mais c’est aussi celle où il s’est investi le plus et qui lui a été la plus favorable avec un score de 18,55% en 2007. Il rêve donc d’être, au moins, le troisième homme de la présidentielle de 2012 et, pourquoi pas, le deuxième et même le premier.

     

    Dire qu’il a tout sacrifié à son destin présidentiel même son parti est une simple constatation. S’il remporte un jour la présidentielle, tout cela sera légitimé. Si ce n’est pas le cas, il sera sans doute comptable de la faiblesse du Centre en ce début de deuxième millénaire.

     

    Cela dit, il a du apprendre de son échec de 2007, ce qui n’est jamais facile pour lui qui est campé dans ses certitudes, et s’apercevoir que son hubris d’alors lui a joué de bien mauvais tours.

     

    A l’issu du premier tour de la présidentielle, se croyant, désormais, un des leaders incontournables de la politique française, il avait renié son positionnement au centre pour se dire «ailleurs» mais sans être jamais capable de le définir exactement.

     

    En 2011, il a fait le chemin inverse, sachant qu’il lui fallait (comme nous l’avons vu plus haut pour Jean-Louis Borloo) un lieu politique bien identifié pour crédibiliser sa candidature à la présidentielle de 2012.

     

    Il a donc déclaré sans relâche qu’il était du Centre, ce qui ne l’a pas empêché de faire quelques déclarations politiques plus proches d’un nationalisme étatique gaullien que d’un libéralisme social giscardien.

     

    De même, en 2007, il s’était installé dans un splendide isolement totalement infructueux, confondant compromission et compromis, parlant d’indépendance pour fustiger l’idée d’alliances électorales pourtant nécessaires quand on n’est pas majoritaire et refusant de prendre parti pour un des deux candidats du second tour de la présidentielle. En 2012, il l’a annoncé, s’il n’est pas au second tour, il appellera à voter pour un des deux qualifiés.

     

    Un changement complet qui n’est pourtant pas sans poser de questions. Car, s’il veut demeurer le plus longtemps possible un candidat crédible pour le second tour et surtout ne pas susciter d’ores et déjà un «vote utile», il ne peut, à l’opposé d’un Hervé Morin qui dit qu’il appellerait à voter Sarkozy, déclarer dès maintenant à qui il apportera son soutien.

     

    De même, ne sachant pas encore qui, de Nicolas Sarkozy ou de François Hollande, sera celui qu’il a le plus de chance de battre pour se retrouver au second tour, il hésite sur son positionnement politique.

     

    François Bayrou se devra de clarifier celui-ci au début de 2012 pour donner des indications à des électeurs qui souhaiteront certainement plus qu’un flou artistique dans lequel il les entretient actuellement pour mettre un bulletin de vote à son nom dans l’urne.

     

    L’avenir politique en pointillé d’Hervé Morin

     

    2011 a été une année complexe pour Hervé Morin. Débarqué du gouvernement par Nicolas Sarkozy, sa candidature à l’élection présidentielle a été combattue jusque dans son propre parti par ses (in)fidèles lieutenants, faisant ressortir toute l’animosité qui existe depuis longtemps entre ces anciens UDF que seule la décision de Bayrou de ne pas rejoindre Sarkozy en 2007 a réuni sous la même bannière du Nouveau centre.

     

    D’autant qu’Hervé Morin plafonne dans les sondages à 1% des intentions de vote (et il n’a jamais dépassé les 2%).

     

    Pour autant, la candidature d’Hervé Morin est quasiment une question de survie politique pour lui et, peut-être, pour le Nouveau centre en tant que formation réellement indépendante.

     

    Son avenir politique personnel passe par exister coûte que coûte sur la scène politico-médiatique afin d’acquérir une visibilité et une légitimité suffisantes pour être, sinon incontournable, tout au moins inviter à la table des négociations. Et il est également convaincu que l’avenir du Nouveau centre comme parti politique indépendant passe par une candidature à l’élection présidentielle, la seule qui compte dans le cadre des institutions de la V° République.

     

    En outre, si l’on écoute ce qu’Hervé Morin dit depuis qu’il est candidat, force est de reconnaître qu’il déploie un discours centriste sans équivoque, en tout cas bien plus que celui de François Bayrou, actuellement.

     

    Ou, pour le dire différemment, il fait vivre une des voix centristes, celle qui est plus libérale, européenne et ouverte sur le monde.

     

    Les pantalonnades de Jean-Louis Borloo

     

    Si nous parlons ici de Jean-Louis Borloo, c’est parce qu’il a occupé une grande place dans les affaires du Centre en 2011 alors même que l’homme dit ne pas être centriste (tout en ayant déclaré qu’il voulait réunir le Centre…).

     

    Bien entendu, son discours de droite modérée n’est pas sans similitudes avec les thèses centristes. Pour autant, il serait excessif de le présenter comme un centriste.

     

    Son idée était d’être assez populaire et moderne pour séduire les partis du Centre afin de se rendre incontournable pour être leur représentant pour la présidentielle.

     

    Mais son manque de légitimité pour cette dernière revendication est vite apparue criante même s’il a su convaincre une partie du Nouveau centre de le suivre.

     

    En tout cas, il n’a pu rendre la candidature d’Hervé Morin illégitime. Fort de ce constat et de sa peur de se lancer dans une campagne présidentielle, il a préféré renoncer.

     

    Ses explications quant à son retrait ne sont pas crédibles ou, alors, ce sont celles qu’il a donné comme raison de sa possible candidature qui ne l’étaient pas…

     

    Même son absence de décollage dans les sondages ne vaut pas car, comme on l’a vu pour François Hollande puis pour François Bayrou, la progression dans les intentions de vote débutent souvent au moment d’une déclaration officielle de candidature.

     

    Actuellement, Jean-Louis Borloo tente d’exister politiquement, surtout dans la négation et la critique des candidats centristes, que ce soit François Bayrou et Hervé Morin. Une fin d’année 2011 assez pathétique pour un homme politique qui vaut mieux que cela et dont espère un sursaut en 2012.

     

    - L’avenir du Centre en France comme force politique majeure

     

    Les péripéties centristes de cette année 2011 posent la question cruciale de l’avenir du Centre comme force politique majeure en France.

     

    Déjà malmenés par le scrutin majoritaire à deux tours, les centristes n’en finissent pas d’être quasiment incapables de se situer dans leurs alliances et dans leurs stratégies politiques.

     

    Pourtant, le Centrisme est une pensée politique forte qui permet un rassemblement autour de ses idées et de ses propositions ainsi que d’un projet présidentiel.

     

    En refusant de se réunir en 2011, ils ont remis à plus tard leur capacité à peser sur la politique française. Ce «plus tard» pourrait néanmoins être de courte durée si François Bayrou réussit à monter dans les sondages début 2012 et fait un score notable lors de la présidentielle soit en étant incontournable pour faire le prochain président, soit en étant lui-même un des deux finalistes du second tour.

     

    Si ce n’est pas le cas, le Centrisme risque de se déchirer après une présidentielle qui ravivera les plaies et les désaccords, éparpillant les centristes un peu partout, c’est-à-dire nulle part.

     

     

     

    Alexandre Vatimbella

     

     

     

    Voir le site Le Centrisme

     

  • La TVA sociale «centriste» nécessite des engagements forts de la part des entreprises

     

     


     

    La TVA sociale, mesure ardemment défendue par de nombreux centristes qui l’ont promue ces dernières années, est-elle une mesure efficace et indispensable en ces temps de crise et de mondialisation qui recompose le paysage économique et industriel de la planète ou n’est-elle qu’une fausse bonne idée, un gadget politique de plus?

     

    Rappelons que le principe de la TVA sociale est de faire payer par le consommateur une partie de la protection sociale en délestant d’autant l’entreprise et le salarié de cette charge. Cela permet, dans une modélisation idéale, de donner de la compétitivité aux entreprises françaises et de demander aux produits étrangers à bas prix (et à bas coûts) qui rentrent sur le marché national de participer à cette protection sociale, ce qu’ils ne font pas jusqu’à aujourd’hui, profitant de cette franchise de coût pour concurrencer de manière déloyale les produits français.

     

    Cette conception, sur le papier, d’une contribution des exportations au modèle social français est assez pertinente dans le sens où elle introduit un élément régulateur dans une distorsion de la concurrence qui ne profite actuellement qu’aux produits étrangers et pénalisent les produits français.

     

    Mais, pour que cette TVA sociale soit pertinente dans la réalité, il faut qu’au niveau de la société française, elle soit une mesure «gagnant-gagnant».

     

    Car, toujours dans une modélisation idéale, pour que la baisse des coûts de production sur le territoire français induit par la TVA sociale bénéficie à tous et pas seulement aux entreprises, ces dernières doivent répercuter, d’une façon ou d’une autre, cette baisse afin d’éviter que le pouvoir d’achat de tous ne soit pas rogné.

     

    Cela signifie, concrètement, que le prix de vente des produits «made in France» ne doivent pas augmenter à cause de la hausse de la TVA dans sa part «sociale».

     

    Le consommateur ne doit être lésé que s’il préfère acheter des produits étrangers à bas coûts (et à moins bas prix…) mais pas s’il opte pour des produits fabriqués sur le territoire français.

     

    Or ceci demande qu’il n’y ait pas de volonté de la part des entreprises française d’augmenter leurs profits en «refaisant leurs marges» grâce à cette hausse de la TVA, en vendant toujours au même prix hors TVA et donc plus cher pour le consommateur.

     

    Cette situation est celle que craignent de nombreux économistes ou politiques comme, par exemple, le député Nouveau centre, Charles de Courson, spécialiste des finances publiques. Dès lors, la TVA sociale serait donc injuste pour les plus démunis mais également source d’inflation.

     

    Sans faire de procès d’intention aux entreprises, il est inquiétant de noter les dernières déclarations de celles-ci via l’Afep (Association française des entreprises privées regroupant les plus grosses entreprises françaises) et le Medef.

     

    Ainsi, que ce soit pour Laurence Parisot (Medef) ou Maurice Levy (Afep), l’idée est de permettre aux entreprises de dégager des marges plus importantes grâce à cette fiscalisation de la protection sociale. Afin d’éviter d’être taxées d’antisociales, les deux organisations proposent de relever les salaires, ce qui démontre que cette hausse de la TVA et la baisse de la taxation des entreprises entraînera, dans leur vision, une hausse des prix.

     

    Dès lors, la TVA sociale ainsi conçue et organisée devient pour les politiques un boulet électoral, ce qu’avait très bien senti Nicolas Sarkozy en 2007. Les électeurs ne voient dans une augmentation de la TVA, qu’une augmentation mécanique des prix.

     

    Pire, ils savent que les promesses des politiques affirmant que les prix demeureront raisonnables et toute autre déclaration lénifiante dans le même sens n’engagent que ceux qui les croient puisqu’aucune obligation légale ne les accompagne.

     

    Quand, déjà, à la base, pour le consommateur-électeur il est évident qu’il y a un risque de dérapage, il ne va pas se jeter dans la gueule du loup aussi facilement, ce que les résultats des législatives de 2007 avaient démontré (Jean-Louis Borloo, pressenti pour être le ministre de l’économie et des finances du gouvernement du nouveau président élu, avait défendu l’instauration d’une TVA sociale, ce qui avait fait perdre, selon l’UMP, une cinquantaine de députés à la majorité présidentielle).

     

    Du coup, en l’absence de contrôle des prix par les pouvoirs publics auquel il est hors de question de revenir, seule une obligation consentie par un accord dûment signé (et non pas de simples déclarations d’intentions) peut faire de la bonne idée qui est derrière l’instauration de la TVA sociale, une mesure efficace et supportée par les électeurs.

     

    Et elle doit pouvoir être abrogée si les entreprises ne tiennent pas leur parole.

     

    Sinon, la TVA sociale risque d’être le Waterloo de ceux qui en sont les promoteurs.

     

     

     

    Alexandre Vatimbella

     

     

     

    Voir le site Le Centrisme

     

  • Alliance centriste: le fiasco de Jean Arthuis


    Il était parti du Mouvement démocrate en 2009 sur fond de désaccord avec la ligne politique de François Bayrou. Ce dernier n’a pas changé d’un iota celle-ci et le voici de retour, deux ans après...

    Jean Arthuis, c’est de lui qu’il s’agit, va en effet adosser son petit parti, l’Alliance centriste, au Mouvement démocrate de François Bayrou (avant de le fédérer) et obtenir une gratification, lui qui vient de perdre la présidence de la commission des Finances au Sénat qui lui permettait d’exister politiquement au-delà de son mandat en Mayenne.

    Pour justifier son retour au bercail, Jean Arthuis indique, dans une interview au quotidien Le Monde, qu’il faut rassembler le Centre et qu’après avoir lorgné du côté du Nouveau centre, il s’est tourné du côté du Mouvement démocrate parce qu’il était «équidistant» (sic) des deux partis. Une justification bien pauvre, qui passe sous silence la pauvreté de la réflexion du président de l’Alliance centriste et le fait qu’il s’est toujours considéré dans la majorité présidentielle alors que François Bayrou, lui, s’est toujours considéré en dehors. Dès lors, il serait intéressant de demander à Jean Arthuis où il se positionne aujourd’hui (car demain est une autre histoire…).

    Mais est-ce vraiment intéressant de le savoir?

    Que Jean Arthuis s’en sorte pas trop mal, grand bien lui fasse, lui qui ne représente plus rien politiquement. Mais c’est bien dommage pour l’Alliance centriste dont la création a été un échec total, due en grande partie à son unique responsabilité.

    Malheureusement, il a emmené dans cette aventure des hommes et femmes sincères et motivés, qui croyaient vraiment en une refondation du Centre et dans des valeurs centristes qui ni le Mouvement démocrate, ni le Nouveau centre ne représentent totalement.

    Ils ont même cru au courage politique de Jean Arthuis, espérant qu’il saurait transcender sa pusillanimité face à la cause dont il se voulait le héraut. Et au CREC (qui édite le site www.lecentrisme.com), nous avons voulu également y croire. C’était sans conteste trop attendre de lui.

    Bien sûr, ce piteux ralliement n’aura guère d’incidence dans le monde politique tellement l’Alliance centriste comptait pour pas grand-chose et encore moins depuis les récentes élections sénatoriales. C’est en quelque sorte un non-événement dont le seul qui pourra en tirer, peut-être, un bénéficie politique est François Bayrou.

    Retour sur ce fiasco.

    Quand il a créé l’Alliance centriste en juin 2009, le sénateur de la Mayenne voulait tout bousculer… tout en évitant de prendre des risques. Ce grand pourfendeur du principe de précaution se l’est pourtant appliqué à lui-même!

    Pendant les six mois qui ont suivi la création de ce parti, celui-ci est devenu une sorte de mort-vivant: pas une déclaration de Jean Arthuis, pas une initiative politique de la nouvelle formation qui a sombré dans un anonymat qu’elle n’a jamais pu dépasser sauf à de rares et courtes occasions.

    Tentant malgré tout d’exister politiquement personnellement, en 2010, Jean Arthuis se déclarait prêt à se présenter à la présidentielle de 2012 mais sans attirer aucune attention de la part des médias dont beaucoup ne connaissaient même pas l’existence de l’Alliance centriste... D’ailleurs, il n’apparut jamais dans aucun sondage.

    Il créa ensuite le fantomatique Institut du Centre (qu’Alliance centriste subventionne) à la tête duquel il plaça Jean-Louis Bourlanges qui se voyait ainsi offrir une tribune inespérée pour ses propres ambitions, tribune qu’il ne manqua d’ailleurs pas d’utiliser (en annonçant même qu’il pensait se présenter, lui aussi, à la présidentielle!). Un Jean-Louis Bourlanges qui multiplie depuis 2007 les attaques fielleuses à l’égard de François Bayrou… le nouvel allié de Jean Arthuis!

    Sans grande stratégie claire, allant voir de chaque côté de l’échiquier centriste avec des discours incohérents et paradoxaux, cette absence de sens politique de Jean Arthuis devait aboutir au début de l’année 2011 à la création de la Confédération des Centres entre Hervé Morin et lui-même.

    Puis, quelques semaines plus tard, au lâchage en rase campagne du président du Nouveau centre (qui ne lui pardonne pas) et au refus de rallier l’Arés (Alliance républicaine écologique et sociale) de ce même Morin et Jean-Louis Borloo non sans avoir annoncé quelques jours auparavant, dans un éditorial sur son blog, son adhésion sans réserve à cette nouvelle alliance. Plus incohérent, tu meures!

    Entre temps, il avait publié un livre sur les finances publiques, son obsession, qui fit un bide.

    Et, pour couronner le tout, voilà que les médias qui ne connaissaient même pas l’existence de l’Alliance centriste, s’emparaient de cette dénomination pour qualifier l’alliance entre Hervé Morin et Jean-Louis Borloo sans même que Jean Arthuis ne réagisse dans un premier temps, semblant totalement se désintéresser d’un parti qu’il avait pourtant créé avec d’autres, ces autres dont il ne semblait guère se préoccuper.

    Dès lors, de plus en plus incohérent, il se coupait d’Hervé Morin pour chanter à nouveau les louanges de François Bayrou – qu’il avait voulu dégommer de la présidence du MoDem en 2008… Un Bayrou qu’il invitait en grande pompe (en fait, c’est le seul leader du Centre indépendant qui daigna se déplacer) lors de son Congrès d’Angers en juillet dernier avant de faire le déplacement lors de l’université d’été du Mouvement démocrate.

    Laissant son parti en déshérence, il jouait alors une carte personnelle, essayant de sauver vainement sa présidence de commission au Sénat, sans résultat, avant de décider, in fine, de rallier François Bayrou.

    Que conclure de cela? Que Jean Arthuis n’ait pas la stature d’un leader politique. Mais cela était évident depuis longtemps pour nombre de centristes qui l’ont côtoyé dont un grand nombre de militants de l’Alliance centriste. Cela l’est, dorénavant, pour les Français… en tout cas, ceux qui le connaissent!

    Quant au Centre, heureusement, il en a vu d’autres et beaucoup plus dangereuses pour son existence que cet épiphénomène qui ne ravira que ses adversaires. Après cette péripétie, néanmoins, le Centre reste à refonder. Et, au CREC, nous continuerons à nous battre pour cela.

     

    Alexandre Vatimbella

     

    Voir le site Le Centrisme

  • Et maintenant?


    A sept mois de l’élection présidentielle mais aussi, il ne faut pas l’oublier, des élections législatives, quel est l’avenir du Centre pour ses deux rendez-vous politiques capitaux pour le pays?

    Au lieu de s’éclaircir, il s’est assombri… dans une certaine clarté!

    La clarté, c’est, bien entendu, une situation plus simple avec un candidat au centre qui semble au-dessus des autres et qui bénéficie d’une certaine légitimité. On veut parler, évidemment, de François Bayrou, depuis le retrait piteux de Jean-Louis Borloo.

    Mais cette clarté est toute relative puisqu’il y a toujours pléthore de micro-candidats qui veulent occuper l’espace central. Au premier rang de ceux-ci, il y a l’ancien lieutenant de Bayrou, Hervé Morin, qui a repris du poil de la bête depuis le renoncement de son associé et néanmoins adversaire, Borloo.

    Reste que lorsqu’il apparaissait dans les sondages, il ne dépassait guère les 2%. C’est en cela qu’il est encore un micro-candidat. Mais aussi parce qu’il n’a pas le soutien de tout son parti (notamment de tous ceux, nombreux, qui lui avaient préféré le président du Parti radical comme candidat).

    Derrière lui, Villepin pointe encore le bout de son nez (et, d’ailleurs, dans les sondages, il a toujours été plus haut que Morin). Bien entendu, nous le redisons, c’est une supercherie d’un homme de droite et nationaliste de vouloir se positionner au centre. Mais, franchement, est-ce beaucoup plus scandaleux que la tentative de phagocyter l’espace centriste à son profit par Jean-Louis Borloo, avec ses troupes qui avaient supporté sans sourciller Nicolas Sarkozy pendant quatre ans à l’intérieur du parti présidentiel?!

    On voit encore poindre Christine Boutin qui, si elle n’est pas centriste est, sans doute, moins éloignée de celui-ci que Villepin. Son engagement à la droite de la démocrate-chrétienne est une constante et elle porte avec elle certaines valeurs du Centre.

    Et puis il y a Corinne Lepage qui a vu dans le retrait de Borloo une belle opportunité de porter le flambeau d’une vision modérée de l’écologie. Est-elle pour autant une centriste? Ayant navigué du côté de la gauche modérée du temps de son engagement au Mouvement démocrate, on serait tenté den douter. Mais alors, on douterait également du recentrage de François Bayrou!

    Peut-être que d’autres candidats se déclareront dans les semaines à venir.

    La question est, qu’est-ce que cela va apporter au Centre?

    La réponse est simple, rien.

    Non pas que les personnes citées plus haut et les potentiels candidats qui pourraient encore sortir du bois n’ont aucun intérêt ou n’ont rien à dire. Cependant, ils continuent à encombrer l’espace centriste, à le morceler et à le rendre incompréhensible pour les électeurs.

    Pour l’instant, François Bayrou est celui qui a le plus de chance de faire un score honorable. Ce sera peut-être le cas d’un autre prétendant centriste (Hervé Morin?). Mais, il n’y a pas d’espace suffisant pour trois, quatre ou plus candidats se réclamant du Centre.

    D’autant qu’aucun d’eux, Bayrou compris, n’a une chance, actuellement, de se qualifier pour le second tour de la présidentielle. Il s’agit donc de se présenter pour faire exister les idées centristes, pour porter les valeurs du Centrisme et pour négocier au mieux un contrat de gouvernement avec la Droite ou la Gauche et de préparer les élections législatives.

    Néanmoins, le morcellement centriste assombri totalement cette ambition de pouvoir peser sur l’élection présidentielle et de permettre au Centre de négocier en position de force une alliance et un soutien contre une présence solide et substantielle dans le gouvernement qui sera mis en place après les présidentielles et les législatives.

    Si le Centre a une carte à jouer en 2012, c’est en se présentant uni aux deux élections. Sans écarter totalement la possibilité que son candidat puisse se retrouver en troisième position à l’issu du premier tour de la présidentielle, voire, en deuxième position, l’important est de montrer que le courant centriste a un projet pour la France et des équipes pour le mettre en œuvre. Cela permettra de peser politiquement sur le futur du pays.

    Pour que cela se réalise, il faudrait un peu de responsabilité de la part des leaders centristes. Et c’est bien pour cela, aussi, que l’avenir du Centre est bien sombre…

     

    Alexandre Vatimbella

     

    Voir le site Le Centrisme

  • Centre: le temps de la clarification ou de l’embrouillamini?!


    Il ne sera donc pas candidat, ce qui n’est guère étonnant pour beaucoup, tant il est un personnage inconstant et manquant de courage politique, selon leur opinion. Jean-Louis Borloo a donc jeté l’éponge, il ne se présentera pas en 2012 alors que toutes les conditions pour sa candidature étaient réunies.

    Toutes sauf une… celle de gagner à coup sûr! Et c’est la lamentable raison qu’a avancée le président du Parti radical pour faire marche arrière. Car, il l’a dit, il s’était préparé, il avait son projet et ses équipes (merci pour elles, il ne les a même pas prévenues avant sa déclaration…).

    Du coup, on croit comprendre que les convictions centristes de Jean-Louis Borloo n’étaient que de l’apparence afin de capter un électorat qui aurait pu le propulser à la tête de l’Etat.

    Voilà qui est quelque peu troublant pour quelqu’un qui se gargarise de ses convictions politiques. Si l’on en a de vraies, peu importe que l’on gagne ou que l’on perde, on va les défendre lors de rendez-vous électoraux.

    Mais Jean-Louis Borloo avait tout de même un problème, il n’était pas réellement centriste! Ce n’est pas nous qui le disons, c’est lui-même et sa muse, Rama Yade, qui sont venus le dire et le redire sur les plateaux de télévision, dans les studios de radio et lors d’interviews dans la presse, il étaie de la droite modérée et républicaine (ce qui n’a pas empêchée Rama Yade de rejoindre le groupe Nouveau centre au Conseil régional d’Ile-de-France, juste avant que son chef ne jette l’éponge!).

    Pour certains, tout est donc revenu dans l’ordre des choses. Exit l’opportuniste radical qui voulait, à l’instar d’un Villepin, préempter le Centre à des fins d’ambitions personnelles.

    Et François Bayrou peut venir parader en affirmant qu’il savait que Jean-Louis Borloo n’avait pas les … pour se présenter et qu’il n’était qu’un homme de droite habillé en centriste. Cela permet de faire oublier qu’il avait, un temps, déserter le Centre. Mais, au moins, lui, il en venait et son discours est un discours centriste.

    Car ce renoncement va profiter, avant tout, au président du Mouvement démocrate. Le voilà donc quasiment intronisé par Borloo comme le seul et unique candidat centriste crédible.

    Crédible car Hervé Morin a immédiatement réagit en disant qu’il était toujours candidat. Mais le président du Nouveau centre doit maintenant démontrer qu’il peut porter les couleurs du centre-droit alors qu’il a disparu des sondages depuis plusieurs semaines et que son score ne dépassait pas, alors, le 2%.

    D’autant que Morin ne compte pas que des amis dans son propre parti. Nombreux ont été ceux qui ont mené une farouche bataille contre lui et en faveur de Borloo. Sauvadet, Létard, Leroy et bien d’autres, sans oublier le plus virulent, Jean-Christophe Lagarde, le président exécutif du Nouveau centre, qui n’a pas mâché ses mots contre la candidature de son patron, réglant au passage quelques comptes internes.

    Au Parti radical, ceux qui avaient pris position pour une candidature Borloo se retrouvent un peu bêtes et, surtout, marginalisés. Même la girouette Dominique Paillé a dit qu’il ne voulait pas en être une en revenant dans le giron de l’UMP, c’est dire!

    Quid, également, de l’Ares (Alliance républicaine écologique et sociale) qui regroupe le Nouveau centre et le Parti radical (ainsi que la Gauche moderne)? Va-t-elle se mobilier pour Hervé Morin? Va-t-elle se déliter?

    Ce qui est assez étonnant, c’est qu’après les élections sénatoriales, Jean-Louis Borloo avait souhaité que les sénateurs Nouveau centre, radicaux et Gauche moderne forment un groupe. Cela ne s’est pas déroulé ainsi puisque le groupe Union centriste réunit (mais pour combien de temps?) ceux-là en plus du Mouvement démocrate et de l’Alliance centriste.

    La candidature de la sénatrice du Nord, Nouveau centre et fervente supportrice de Jean-Louis Borloo, à la présidence de la haute assemblée, semblait montrer que la dynamique était encore du côté du président du Parti radical.

    Bien sûr, elle n’a obtenu que 29 voix (alors que le groupe compte 31 membres) mais cela veut dire que des sénateurs de tous les courants centristes avaient voté pour elle.

    Cette étonnante unité des différents courants centristes au Sénat concrétisé par un groupe commun et une candidature unique au plateau (la présidence de la haute assemblée) préfigure-t-elle une dynamique en ce sens au-delà des bancs du Palais du Luxembourg ou n’est-elle que de la poudre aux yeux avec des arrière-pensées politiciennes?

    Au vu des déclarations et des postures, on serait, malheureusement, plus enclins à retenir la deuxième option.

    Il va falloir voir dans les jours et les semaines qui viennent comment, ce que l’on peut vraiment appeler, malheureusement, la «nébuleuse centriste» va se sortir de toutes ses contradictions, qui vont, à l’intérieur de celle-ci rebondir en émergeant comme possibles leaders.

    Reste qu’il faut souhaiter que les électeurs centristes ne soient pas découragés devant tant d’inconséquences, de faux-semblants et de petites batailles. On la déjà dit. On le redit. Et on espère en des jours meilleurs pour le Centrisme. On la dit. On le redit…

     

    Alexandre Vatimbella

     

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